Les membres fondateurs ont à coeur d’engager l’entreprise dans un mode de production économique de type coopérativiste car ce dernier incarne au mieux les valeurs partagées par ces derniers. En effet, ceux-ci souhaitent créer une société reposant sur des rapports hétérarchiques (5) organisés par une coordination rigoureuse et empathique. Ainsi chaque membre de cette « res communa » (6) est considéré d’égal à égal et possède des responsabilités réparties de telle sorte à ce que la structure fonctionne bien, tout en assurant un épanouissement individuel et collectif des personnes.
Ainsi les fonctions de gérants ne confèrent en aucun cas aux personnes porteuses de ces titres, le droit d’asseoir des rapports de subordinations à l’encontre de leurs collègues. Ils ont principalement pour fonction d’endosser des responsabilités de représentation et de coordination de sorte à ce que les autres responsables puissent s’organiser et dialoguer dans de bonnes conditions. La structuration sociale de l’édifice est pensée comme une conjugaison de responsabilités endossées par des individus dont la coordination incombe aux co-gérants. Ainsi, le salaire horaire brut n’a pas vocation à être supérieur pour tel ou tel membre de Perm’A’berS. Les variations de salaires pourront être le fruit des différences entre le nombre d’heures réalisées par chaque membre dans le cadre d’une semaine de cinq jours travaillés.
Durant les quatre première années de vie de l’entreprise, le statut juridique choisi sera celui de société à responsabilité limité (SARL) afin de lui permettre de prendre son essor sans lui imposer de contraintes économiques trop fortes (cotisations plus faible comparé à une SAS).
Les principes de fonctionnement coopératifs seront quant à eux effectifs durant ces premières années mais auront vocation à rester officieux.
Néanmoins, une fois la structure mise sur les rails, celle-ci sera transformée en SAS SCOP afin de répondre aux souhaits des membres fondateurs tant sur les aspects socio-économiques que sur les questions d’organisation humaine de l’entreprise. Cela supposera donc de faire évoluer les statuts et de mettre en oeuvre un pacte d’associés pour encadrer la mutation de la structure et lui conférer un statut coopératif officiel. Cela aura bien évidemment un coût et la société économisera afin de financer cette mutation à partir de la cinquième année d’existence.
A notre sens, l’idée de coopérative semble indissociable de celle de démocratie. Les décisions majeures seront donc, à terme, votées de sorte à ce que chacun et chacune puisse bénéficier d’un pouvoir sur le fonctionnement et les perspectives d’évolutions de Perm’A’bers. Une assemblée mensuelle sera à minima convoquée pour évoquer l’organisation et les pistes d’action à mener afin d’améliorer la qualité de vie au sein de l’entreprise, mais aussi l’efficacité des services rendus aux différents maîtres d’ouvrage rencontrés au gré des missions. A titre d’exemple, les primes, les salaires et l’allocation des dividendes feront l’objet de votes après que les partenaires aient été informés de la situation de l’entreprise et que chacun ait également pu exposer les prérogatives qui lui sont chères.
Lexique :
(5) «L’hétérarchie est un mode de gestion de collectifs reposant sur l’égalité des individus. Il s’agit du contraire de la hiérarchie et il n’y a donc pas de rapport de subordination instauré.» Perm’A’berS (Landeda, Août 2022).
(6) « res communa » ou « raison commune », est un concept ayant été évoqué par l’économiste et philosophe Frédéric Lordon. Ce dernier défend l’idée que l’ensemble des travailleurs d’une entreprise doivent avoir la possibilité de posséder en commun les moyens de productions et de décider démocratiquement du fonctionnement de la société, ainsi que de son évolution.» Perm’A’berS (Landeda, Août 2022).